Nicolas

14 octobre 2025

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Il y a des lieux qui bouleversent, non pas par leur beauté paisible, mais par leur intensité. Le Piton de la Fournaise, à La Réunion, fait partie de ceux-là. Vous n’y venez pas pour bronzer ni pour paresser sur une plage. Vous y venez pour marcher sur le dos d’un géant, pour sentir la chaleur d’une terre vivante, pour écouter le silence profond d’un volcan toujours en mouvement.
Beaucoup de voyageurs s’y rendent pour les panoramas spectaculaires, mais peu imaginent tout ce que cache son ventre : des galeries souterraines, sculptées par la lave, que seuls quelques guides passionnés font découvrir.
Entre les randonnées vers le cratère Dolomieu et l’exploration des tunnels de lave de Sainte-Rose et Saint-Philippe, cette expérience combine deux visages d’un même monde : l’un aérien, l’autre enfoui. Deux manières d’approcher la puissance de la nature, l’une sous la lumière, l’autre dans l’obscurité.

Les tunnels de lave : la face cachée du volcan

Si les randonnées montrent la puissance du Piton de la Fournaise à ciel ouvert, les tunnels de lave révèlent son intimité. Ce sont les veines du volcan, les passages où la lave a circulé avant de se figer. Ces galeries, parfois longues de plusieurs kilomètres, se situent principalement sur la côte est et sud de l’île, du côté de Sainte-Rose et Saint-Philippe. C’est là qu’intervient Profundo Réunion, une équipe de guides passionnés qui s’est spécialisée dans ces explorations souterraines.

Entrer dans les entrailles de la Terre

La première fois que j’ai franchi l’entrée d’un tunnel de lave, je me souviens d’avoir hésité une seconde. Une ouverture sombre, à peine visible sous une coulée ancienne. L’air y était plus frais, légèrement humide. J’ai ajusté ma lampe frontale, et la lumière a révélé un couloir de roche aux reflets métalliques. En avançant, chaque pas résonnait contre les parois.

Les galeries s’élargissaient, se resserraient, se tordaient parfois en formes improbables. Certaines sections ressemblaient à des vagues pétrifiées, d’autres à des draperies figées dans le temps. Le guide de Profundo Réunion commentait chaque détail : la couleur des murs, la texture des coulées, les traces de bulles d’air. Il ne s’agissait pas seulement de marcher sous terre, mais de lire les pages d’une histoire écrite par le feu.

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Les tunnels emblématiques à découvrir

Les plus connus se trouvent autour de la coulée 2004, dans la région de Sainte-Rose. Le “Tunnel Bleu” fascine par ses parois teintées de cobalt et ses formes sculptées. Plus au sud, vers Saint-Philippe, certains tunnels sont plus intimes, accessibles à ceux qui aiment ramper, se faufiler, ressentir la proximité du roc.

Les sorties sont toujours encadrées, et c’est tant mieux. Le matériel est fourni — casque, lampe, gants — mais il faut venir avec l’envie de vivre une vraie aventure. À l’intérieur, il ne s’agit pas de performance sportive, mais d’une expérience sensorielle : toucher la roche, sentir la fraîcheur, écouter le silence.

À un moment, la galerie s’est élargie en une immense salle naturelle. Le guide a éteint toutes les lampes. L’obscurité était totale, parfaite. Pas un bruit, pas une lueur. Juste la présence du volcan autour de nous. J’ai compris alors pourquoi ces lieux inspirent autant de respect. Ce n’est pas la peur du noir : c’est la conscience d’être au cœur même de la Terre.

Ce qu’il faut savoir avant de partir

Les tunnels ne se visitent jamais seuls. Il faut passer par un professionnel expérimenté, et Profundo Réunion est l’une des références pour ce type d’exploration. Leurs guides connaissent les galeries dans leurs moindres recoins, les zones sûres, les conditions d’humidité, les points de sortie. Ils transmettent leur passion sans jamais forcer le rythme, en adaptant le parcours au niveau de chacun.

Prévoir pour la sortie :

  • Des vêtements longs et confortables (le sol peut être abrasif)

  • Une paire de baskets solides ou chaussures de randonnée basses

  • Un petit sac avec de l’eau et un encas

  • L’envie de se salir un peu et de s’émerveiller beaucoup

Les visites durent entre deux et quatre heures. Certaines sont accessibles dès 7 ans, d’autres plus techniques demandent un peu de souplesse et d’endurance. Quelle que soit la formule, la sensation reste la même : celle d’avoir vécu quelque chose de rare.

Piton de la Fournaise randonnées

Randonnée vers le cratère Dolomieu : l’immensité à ciel ouvert

L’aventure commence souvent avant l’aube. À mesure que la route serpente vers les hauteurs, le paysage change. Les forêts tropicales cèdent la place à des plaines pierreuses, puis à un décor lunaire : la Plaine des Sables, vaste étendue rouge et noire où le temps semble s’être arrêté. On s’y croirait sur Mars. Le silence y est presque total, seulement troublé par le vent qui glisse entre les roches.

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Le sentier du Pas de Bellecombe s’ouvre sur un balcon vertigineux : en contrebas, l’Enclos Fouqué s’étend à perte de vue. C’est le domaine du volcan, son théâtre. En descendant les marches taillées dans la lave, on pénètre dans un autre monde. Le sol craque sous les pas, l’air devient plus sec, plus minéral. La montée vers le cratère Dolomieu est exigeante mais hypnotisante. À chaque détour, de nouvelles formes apparaissent : cônes, fissures, coulées figées.

Arrivé au bord du cratère, le souffle se coupe. Devant vous, un gouffre immense, profond de plusieurs centaines de mètres, aux parois striées de noir et de rouge. Parfois, un léger panache de fumée s’échappe, comme un rappel discret que la vie bouillonne encore dessous. On comprend alors pourquoi tant de visiteurs parlent d’un moment presque spirituel.

Lors de ma dernière ascension, j’étais accompagné d’un guide local passionné, pas pour les explications techniques, mais pour la manière dont il parlait du volcan comme d’un être vivant. Il m’a raconté les nuits d’éruption, les habitants qui guettent la lueur rouge à l’horizon, la manière dont la lave façonne sans cesse le paysage. En redescendant, j’ai compris que cette randonnée n’était pas une simple marche : c’était une rencontre avec la planète dans son état brut.

La Plaine des Sables : marcher sur Mars

Avant d’atteindre l’Enclos, on traverse cette plaine irréelle où la lumière change tout. Le matin, le rouge des cendres tire vers l’ocre. À midi, la chaleur du sol fait miroiter l’air comme une illusion. Et le soir, le noir profond des roches contraste avec le ciel violet. Il n’y a presque aucune végétation, juste quelques touffes de lichens accrochées à la vie.

J’aime ce lieu parce qu’il oblige à ralentir. On y marche lentement, presque religieusement. On prend conscience du poids du sac, du bruit des pas, du souffle. Certains s’y arrêtent pour un pique-nique minimaliste, juste une gourde, un sandwich, et ce décor de science-fiction pour horizon. La Plaine des Sables, c’est la porte d’entrée du volcan, une transition entre le monde vert et humide des bas et celui, austère et fascinant, des cimes volcaniques.

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Autres activités autour du volcan

La beauté du Piton de la Fournaise ne s’arrête pas à ses pentes. Tout autour, la région regorge de sentiers, de forêts et de points de vue à couper le souffle. Après l’exploration souterraine, beaucoup prolongent l’expérience par :

  • la Route des Laves, un itinéraire spectaculaire qui longe les anciennes coulées jusqu’à la mer ;

  • le Jardin des Parfums et des Épices à Saint-Philippe, pour redécouvrir la luxuriance des plantes tropicales après la pierre nue ;

  • ou encore un passage par la Maison du Volcan, à Bourg-Murat, un musée interactif qui aide à comprendre les phénomènes géologiques de l’île.

Ces haltes complètent merveilleusement l’expérience. On passe du feu à la verdure, du minéral au végétal, comme un rappel que tout est lié.

Conseils pour une expérience réussie

  • Partir tôt pour les randonnées : la lumière du matin sublime les reliefs, et la chaleur reste supportable.

  • Toujours vérifier les conditions : le volcan est actif, certaines zones peuvent être temporairement fermées.

  • Respecter les lieux : on ne prélève rien, on ne laisse rien.

  • Prévoir une tenue de rechange : après les tunnels, on ressort souvent couvert de poussière volcanique — c’est presque un badge d’honneur.

  • S’hydrater souvent : l’air sec du volcan et l’effort combiné déshydratent plus vite qu’on ne le croit.

Deux jours pour vivre le Piton de la Fournaise autrement

Jour Matin Après-midi Soirée
1 Randonnée au Pas de Bellecombe et ascension du Dolomieu Retour par la Plaine des Sables, coucher de soleil Nuit en gîte volcanique
2 Route vers Sainte-Rose Exploration d’un tunnel de lave avec Profundo Réunion Dîner en bord de mer

Ce programme simple permet de saisir les deux dimensions du volcan : son immensité et son intimité.

Une expérience qui change le regard

Il y a quelque chose d’apaisant dans la brutalité du volcan. Devant cette nature puissante, l’humain retrouve sa juste place. On comprend que la Terre n’est pas figée, qu’elle respire, qu’elle évolue.

Quand je repense à ces journées, je me revois au bord du Dolomieu, petit point face à l’infini. Puis quelques heures plus tard, sous terre, une lampe frontale pour seule lumière, le cœur battant dans le silence. Deux expériences opposées mais complémentaires : le ciel et les entrailles, la lumière et l’obscurité, la force et la fragilité.

Le Piton de la Fournaise n’est pas un lieu que l’on visite : c’est un lieu que l’on vit. Et ceux qui ont eu la chance d’y poser leurs pas savent qu’on ne revient jamais tout à fait le même.

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